Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/44

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À cette dernière exigence, le major leva sa canne pour fendre la porte en deux. Il suffoquait. Nom de Dieu ! la sacrée garce ! Et dire qu’un capitaine de l’armée française acceptait ça ! Il oubliait la saleté de Burle, il aurait étranglé cette horreur de femme, à cause de ses manières. Est-ce qu’on marchandait, quand on avait une gueule comme la sienne ! C’est elle qui aurait dû payer ! Mais il se retint pour entendre la suite.

— Tu me fais beaucoup de peine, répétait le capitaine. Moi qui me suis montré si bon pour toi… Je t’ai donné une robe, puis des boucles d’oreilles, puis une petite montre… Tu ne te sers pas même de mes cadeaux.

— Tiens ! pour les abîmer !… C’est papa qui me garde mes affaires.

— Et tout l’argent que tu m’as tiré ?

— Papa me le place.

Il y eut un silence. Rose réfléchissait.

— Écoute, si tu jures que tu m’apporteras six francs demain soir, je veux bien… Mets-toi à genoux et jure que tu m’apporteras six francs… Non, non, à genoux !

Le major Laguitte, frémissant, s’éloigna de la porte et resta sur le palier, adossé au mur. Ses jambes s’en allaient, et il brandissait sa canne