Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Est-ce que Faure ne doit pas chanter ? demande un député à son voisin.

— Oui, je crois, répond le voisin, un ancien préfet, homme superbe qui sourit de loin aux dames.

Et, lorsque la voix du chanteur s’élève dans la nef frissonnante :

— Hein ! quelle méthode, quelle ampleur ! reprend-il à demi-voix, en balançant la tête de ravissement.

Toute l’assistance est séduite. Les dames, un vague sourire aux lèvres, songent à leurs soirées de l’Opéra. Ce Faure a vraiment du talent ! Un ami du défunt va jusqu’à dire :

— Jamais il n’a mieux chanté !… C’est fâcheux que ce pauvre Verteuil ne puisse l’entendre, lui qui l’aimait tant !

Les chantres, en chapes noires, se promènent autour du catafalque. Les prêtres, au nombre d’une vingtaine, compliquent le cérémonial, saluent, reprennent des phrases latines, agitent des goupillons. Enfin, les assistants eux-mêmes défilent devant le cercueil, les goupillons circulent. Et l’on sort, après les poignées de mains à la famille. Dehors, le plein jour aveugle la cohue.

C’est une belle journée de juin. Dans l’air chaud,