Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/79

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se disputant les morceaux, se reprochant mutuellement leur grosse faim. La mort de leur mère les enrichira de nouveau ; ils le savent, et le prétexte leur semble suffisant pour attendre sans rien faire. Bien qu’ils n’en causent jamais, leur continuelle préoccupation est de savoir comment le partage aura lieu ; s’ils ne s’entendent pas, il faudra vendre, ce qui est toujours une opération ruineuse. Et ils songent à ces choses sans aucun mauvais désir, uniquement parce qu’il faut tout prévoir. Ils sont gais, bons enfants, d’une honnêteté moyenne ; comme tout le monde, ils souhaitent que leur mère vive le plus longtemps possible. Elle ne les gêne pas. Ils attendent, voilà tout.

Un soir, en sortant de table, madame Guérard est prise d’un malaise. Ses fils la forcent de se coucher, et ils la laissent avec sa femme de chambre, lorsqu’elle leur assure qu’elle est mieux, qu’elle a seulement une grosse migraine. Mais, le lendemain, l’état de la vieille dame a empiré, le médecin de la famille, inquiet, demande une consultation. Madame Guérard est en grand danger. Alors, pendant huit jours, un drame se joue autour du lit de la mourante.

Son premier soin, lorsqu’elle s’est vue clouée dans sa chambre par la maladie, a été de se faire