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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/186

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simplifie et éclaircit les questions, lorsqu’on est de bonne foi des deux côtés. Il est très bon, cet article de M. Henry Fouquier ; je veux dire qu’il est très bon pour moi, car il va me permettre d’expliquer nettement la position que j’ai prise dans la critique dramatique et qu’on affecte de ne pas comprendre.

Et, d’abord, comment M. Henry Fouquier, qui est un esprit très fin, un peu fuyant peut-être, tombe-t-il dans cette rengaine insupportable qui consiste à me reprocher de n’avoir rien inventé ? Mais, bon Dieu ! ai-je jamais dit que j’inventais quelque chose ? Où a-t-on lu ça ? pourquoi me prête-t-on gratuitement cette prétention bête ? Il parle de mes théories nouvelles. Eh ! je n’ai pas de théorie ; eh ! je n’ai pas l’imbécillité de m’embarquer dans des théories nouvelles ! C’est l’argument qui m’agace le plus, qui me met hors de moi. « Vous n’inventez rien, les idées que vous défendez sont vieilles comme le monde. » Parfaitement, c’est entendu, je le sais. C’est ma gloire de les défendre, ces vieilles idées.

Ne dirait-on pas qu’il me faudrait inventer une nouvelle religion pour être pris au sérieux ! Vous n’inventez rien : donc, vous ne comptez pas, vous rabâchez. Mais, précisément, c’est parce que je n’invente pas que je suis sur un terrain solide. On a inventé le romantisme ; je veux dire qu’on a ressuscité le quinzième siècle et le seizième sur le terrain nouveau de notre siècle, où le passé ne pouvait reprendre racine. Aussi le romantisme a-t-il vécu cinquante ans à peine ; il était factice, il ne répondait qu’à une évolution temporaire, il devait disparaître avec ses inventeurs.