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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/187

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Nous autres, nous n’inventons pas le naturalisme. Il nous vient d’Aristote et de Platon, affirme M. Henry Fouquier. Tant mieux ! c’est qu’il sort des entrailles mêmes de l’humanité. Sans remonter si loin, j’ai vingt fois constaté que le grand mouvement de la science expérimentale était parti du dix-huitième siècle. On peut renouer la chaîne des ancêtres de Balzac. Cela entame-t-il son originalité ? Nullement. Son monument s’est trouvé fondé sur des assises plus larges et plus indestructibles.

Est-ce bien fini ? Continuera-t-on encore à croire qu’on m’écrase, lorsqu’on me reproche de ne rien inventer, en me plaisantant avec l’esprit facile et un peu naïf de la causerie courante ? Je le répète une fois pour toutes : je n’invente rien ; je fais mieux, je continue. La situation que j’ai prise dans la critique est donc simplement celle d’un homme indépendant, qui étudie l’évolution naturaliste de notre époque, qui constate le courant de l’intelligence contemporaine, qui se permet au plus de prédire certains triomphes. Quand on me demande ce que j’apporte, et qu’on fait mine de fouiller dans mes poches et de s’étonner de n’y rien trouver d’extraordinaire, je songe à ces gens crédules d’autrefois qui cherchaient la pierre philosophale. Aujourd’hui, nos chimistes sont partis de l’étude de la nature, et s’ils trouvent jamais la fabrication de l’or, ce sera par une méthode scientifique. Je suis comme eux, je n’ai pas de recettes, pas de merveilles empiriques ; j’emploie et je tâche simplement de perfectionner la méthode moderne qui doit nous conduire à la possession de plus en plus vaste de la vérité.

Maintenant, je ne pense pas que personne ose nier