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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/205

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mais la forme romantique me gênerait tout autant. Je ne puis donc que trouver très remarquable l’invention de la vieille aveugle, disputant sa fille à la mort jusqu’à la dernière heure, et la tuant elle-même pour que la mort lui soit plus douce. Cette figure est posée avec beaucoup de puissance.

Je n’ai pas cru devoir raconter la pièce en détail. Au courant de la discussion, l’analyse se fait d’elle-même. C’est ainsi que je dois parler d’un esclave gaulois, Vestaepor, employé dans le temple de Vesta, et qui favorise les amours et la fuite d’Opimia et de Lentulus. M. Alexandre Parodi semble avoir voulu marquer encore dans ce personnage la force de la foi. Vestaepor aide les amants à se sauver, parce qu’il déteste Rome et qu’il croit à la colère des dieux ; si les dieux n’ont pas leur victime, ils consommeront la perte des Romains, ils vengeront l’esclave et le réuniront à ses deux fils, qui combattent dans l’armée d’Annibal. Ce personnage est d’invention ordinaire, légèrement mélodramatique même ; mais je voulais le signaler, pour montrer l’idée de foi et de patriotisme qui plane sur toute l’œuvre.

Le succès a été grand, surtout pour les deux derniers actes. Voici, d’ailleurs, exactement le bilan de la soirée.

Un premier acte très large, le Sénat assemblé pour délibérer après la défaite de Cannes, et l’arrivée de Lentulus, qui raconte la bataille dans un long récit fortement applaudi. Un second acte dans le temple de Vesta, décor superbe, mais action lente et d’intérêt médiocre ; c’est là qu’Opimia se trahit. Un troisième acte dans le bois sacré de Vesta, le moins bon des cinq ; Opimia et Lentulus, aidés par Vestaepor, se