Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/210

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Je vais tenter d’analyser son Spartacus en quelques mots ; et je demande à l’avance pardon si je me trompe, car ce ne serait vraiment pas ma faute. Spartacus a pour père un prêtre d’Isis, nommé Séphare, qui nourrit les plus grands projets ; on ne sait pas bien lesquels, il parle du bonheur du genre humain, il lance l’anathème sur Rome, et je suis porté à croire qu’il rêve l’affranchissement des esclaves, avec des vues particulières et lointaines sur la Révolution française. Bref, ce Séphare, entré comme intendant chez le consul Crassus, commence son beau rôle de régénérateur en donnant Camille, la fille de son maître, pour maîtresse à son fils Spartacus, alors gladiateur. Voilà qui n’est pas propre ; mais la passion du sectaire est, à la rigueur, une excuse.

Il y a une autre femme dans l’aventure, Myrrha, une courtisane à ce qu’on peut croire. Séphare est aussi très bien avec celle-là, si bien même qu’ils complotent ensemble l’empoisonnement du gardien des jeux. Décidément, ce prêtre d’Isis manque de sens moral. Quand le gardien des jeux est mort, Myrrha obtient du préteur Métellus son amant la place du défunt pour Spartacus. Le héros, ramassant sous ses ordres les gladiateurs et la plèbe de la ville, suscite alors une révolte, brûle Rome, se bat pour l’affranchissement des esclaves. Rien de stupéfiant comme la mise en œuvre dramatique de cet épisode. Le préteur Métellus est gris, la courtisane Myrrha embellit la fête, on voit Rome brûler sur un transparent, et un chœur arrive, on ignore pourquoi, qui chante, je crois, le bon vin et la liberté.

Cependant, Camille, la maîtresse de Spartacus, joue