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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/232

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rendu très malade. Affaire de tempérament sans doute.

Si cela était écrit avec bonhomie encore, si l’on sentait derrière un homme simple, qui ne se pique pas d’écrire et qui dit tout rondement sa pensée ! L’intolérable est qu’on devine une continuelle prétention au beau style. Les phrases ont le poing sur la hanche comme les personnages. Au dénoûment, Coq-Hardy fait un discours où il parle des Francs et des Gaulois. Il faut dire que ce duc de Brennes descend de Brennus ; Brennes, Brennus, vous comprenez, c’est fort ingénieux. Et il y a ainsi des panaches tout le long de la pièce. Parfois même on entrevoit des intentions shakespiriennes. Oh ! les intentions shakespiriennes ! c’est là recueil des faiseurs de mélodrames. La poésie les tue.

J’avouerai, d’ailleurs, que je ne puis me défendre d’un grand dédain pour les pièces où les coups d’épée et les coups de pistolet entrent pour la part la plus applaudie dans les mérites du dialogue. Le succès de Coq-Hardy a été le combat du cinquième acte. Si la poudre parle, c’est que l’auteur n’a rien de mieux à dire. Et quel abus aussi des beaux sentiments ! Quand un acteur a un beau sentiment à émettre, on s’en aperçoit tout de suite ; il s’approche du trou du souffleur comme un ténor qui a une belle note à pousser, il lâche son beau sentiment, on l’applaudit, il salue et se retire. Cela finit par être honteux, de spéculer ainsi sur l’honneur, la patrie, Dieu et le reste. Le procédé est trop facile, il devrait répugner aux esprits simplement honnêtes.

La stricte vérité est que, le premier soir, la salle s’ennuyait. Toutes les fois que des personnages historiques