Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/284

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d’autres encore la maudissent, sans qu’elle puisse relever la tête. Walter seul croit toujours en elle, et Attila finit par le faire décapiter devant Hildiga, qui se contente de se couvrir le visage de ses mains. Enfin, au dénoûment, lorsqu’il vient la retrouver dans la chambre nuptiale, la jeune épouse le tue d’un coup de hache.

Tel est, en gros, le drame. Dans une étude qu’il a publiée sur son œuvre, M. de Bornier a écrit ceci : « L’idée des Noces d’Attila est fort simple ; tout vainqueur se détruit lui-même par l’abus de sa victoire, voilà l’idée philosophique ; un tigre veut manger une gazelle, mais la gazelle se fâche, voilà le fait dramatique. » Acceptons cela, et examinons la mise en œuvre.

M. de Bornier ne nous a pas montré du tout un vainqueur se détruisant par l’abus de sa victoire, car Attila meurt d’un accident en pleines conquêtes, au milieu de ses armées victorieuses. Reste la fable du tigre et de la gazelle. J’admets que Hildiga soit une gazelle ; ailleurs, M. de Bornier l’appelle une colombe ; c’est plus tendre encore, et cela convient mieux aux grâces bien portantes de mademoiselle Rousseil. Mais quant au tigre, il est vraiment trop bon enfant et trop rageur à la fois. Je demande à m’expliquer longuement sur son compte.

Cette figure d’Attila emplit le drame, et c’est, en somme, juger l’œuvre que de l’étudier. M. de Bornier paraît avoir voulu reconstituer autant que possible la figure historique d’Attila, telle que nous la montrent les rares documents historiques. Son barbare est civilisé, l’homme de guerre est doublé en lui d’un diplomate aussi rusé que peu scrupuleux. Seulement,