Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/350

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II

Il s’agit dans Bébé, la pièce de MM. de Najac et Hennequin, d’un de ces grands enfants que les mères gardent jusqu’au mariage, autour de leurs jupes, et auxquels elles ne peuvent jamais se décider à donner la clef des champs. Tel est le bébé, un bébé de vingt-deux ans, et qui a déjà de la barbe au menton. Gaston est adoré par sa mère, la baronne d’Aigreville, qui le cajole, le dodeline et lui parle encore en zézayant, comme s’il portait toujours des robes et un bourrelet.

Quant au sujet philosophique,—il y a un sujet philosophique,—il repose sur cette idée qu’un jeune homme, avant de se marier et de faire un bon mari, doit parcourir trois périodes, la période des femmes de chambre, celle des cocottes et celle des femmes mariées. C’est le cousin Kernanigous qui dit cela, et le cousin s’y connaît, lui qui, chaque année, quitte sa ferme modèle de Bretagne pour venir faire ses farces à Paris.

Naturellement, Gaston, que sa mère croit encore un ange de pureté, a déjà fait de nombreux accrocs à sa robe d’innocence. La baronne lui a meublé un entresol, dans la même maison qu’elle, pour qu’il puisse étudier son droit tranquillement ; mais Gaston, en compagnie de son ami Arthur, n’utilise guère son entresol que pour recevoir des dames. Ajoutez que le baron est une absolue ganache ; ce digne homme passe sa vie à lire les journaux, chez lui et à son cercle, ce qui fatalement a influé d’une façon déplorable sur son intelligence. Il ne s’occ