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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/375

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septième, vous ne trouverez nulle part ce prurit de morale, qui semble être la démangeaison de nos vices. On riait haut, on parlait de tout, même devant les dames ; personne ne croyait qu’il fût nécessaire de surveiller à chaque heure sa propre honnêteté et celle du voisin. On était de braves gens, cela allait de soi. Pour le reste, on aimait la vie et on ne boudait pas contre ce qui vivait.

Est-ce parce que les contes de Perrault sont jugés d’une morale trop élastique que les auteurs du Chat botté n’ont pas suivi ce conte à la lettre ? Cela est possible. Pour que le conte fût exemplaire aujourd’hui, il faudrait y introduire un honnête prétendant à la main de la jeune princesse, un ingénieur, de mœurs parfaites et ayant conquis tous ses grades dans les concours et les examens ; au dénouement, ce serait lui qui, par son mérite, deviendrait le gendre du roi, après avoir confondu ce filou de Chat botté et son marquis d’occasion. Cela ferait pâmer nos demoiselles. Je plaisante, et une colère me prend, à la pensée de ce « comme il faut » littéraire, qui aurait noyé pour un siècle notre littérature, si des esprits entêtés n’avaient résisté. Pauvre chat botté, qui aimera encore ta grâce féline, ta sournoiserie pleine de sauts brusques, ton art de vivre, gros et gras, sur la paresse et sur la sottise humaines ? Tu es la vie, et c’est pour cela, heureusement, que tu es éternel.


IV

Si la féerie doit trouver grâce pour la largeur poétique qu’elle pourrait atteindre, l’opérette est