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Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/377

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drame agonisant. Elle a dansé son cancan, en montrant tout ; elle a rendu célèbres des actrices dont le seul talent consistait dans un jeu de gorge et de hanches. Tout le vice de Paris s’est vautré chez elle, et l’on peut nommer les femmes auxquelles une façon de souligner les couplets grivois a donné hôtel et voiture.

Cela ne suffisait point encore. L’opérette a rêvé l’apothéose. M. Offenbach, pendant sa direction a la Gaîté, a exhumé ses anciennes opérettes des Bouffes, entre autres son Orphée aux enfers, joué autrefois dans un décor étroit et avec une mise en scène relativement pauvre ; il les a exhumées et transformées en pièces à spectacle, inventant des tableaux nouveaux, grandissant les décors, habillant ses acteurs d’étoffes superbes, donnant pour cadre à la bêtise du dialogue et aux mirlitonnades de la musique tout l’Olympe siégeant dans sa gloire. D’un bond, l’opérette voulait monter à la largeur des grandes féeries lyriques. Elle ne saurait aller plus haut Son incongruité, ses rires niais, ses cabrioles obscènes, sa prose et ses vers écrits pour des portiers en goguette, se sont étalés un instant au milieu d’une splendeur de gala, comme une ordure tombée dans un rayonnement d’astre.

Même elle était montée trop haut, car elle a failli se casser les reins. M. Offenbach n’est plus directeur, et il est à croire qu’aucun théâtre ne risquera à l’avenir deux ou trois cent mille francs pour montrer une petite chanteuse, toute nue, sifflotant une chanson de pie polissonne, sous flamboiement de feux électriques. N’importe, l’opérette a touché le ciel, la leçon est terrible et complète. Je ne veux pas détailler les méfaits de l’opérette. En