Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/409

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une réflexion. Pourquoi, au théâtre, permet-on tous les crimes dans les familles royales ? Le théâtre classique nous montre les rois grecs s’égorgeant entre eux avec la plus belle facilité du monde. Les drames romantiques abusent aussi des rois chenapans. Dans les drames bourgeois, au contraire, les trop gros crimes indignent la salle. Sans doute, il faut porter couronne pour être un gredin à son aise.

Je ne parle toujours pas de vérité. Rien n’est plus comique, au fond, que ce roi empoisonné qui se promène encore dans une demi-douzaine de tableaux, avec des accès de coliques de temps à autre. Il finit par savoir qu’il a de l’arsenic dans le corps, et René, un savant médecin, lui ayant dit qu’il n’y avait rien à faire, il ne fait rien pour lutter contre la mort. Cela est inacceptable, l’arsenic est un poison que l’on combat parfaitement. J’ai été obsédé par cette idée pendant toute la deuxième partie du drame : « Mais pourquoi Charles IX n’est-il pas dans son lit ? » C’est un souci vulgaire, une préoccupation bourgeoise, je le sais ; mais je ne puis rien contre les habitudes de mon esprit. Lisez donc Madame Bovary, voyez comment on meurt par l’arsenic, vous me direz ensuite si Charles IX n’est pas très drôle. Non seulement aucun des symptômes n’est observé, mais encore il est impossible que le roi ne se mette pas entre les mains des médecins, en leur disant de tenter quand même la guérison.

Les personnages de Coconnas et de La Mole, qui ont fait autrefois le succès du drame, sont des silhouettes enluminées de tons vifs pour les spectateurs peu lettrés. D’ailleurs, la partie purement romanesque tient fort peu de place, et l’on regrette l’histoire, cette Marguerite