Il ne trouva pas le commis rue Sainte, et, comme il était pressé, il se dirigea vers la savonnerie de MM. Daste et Degans. Cette savonnerie était située boulevard des Dames.
Lorsqu’il y fut arrivé et qu’il eut demandé Charles Blétry, il lui sembla qu’on le regardait d’un air étrange. Les ouvriers lui dirent brusquement de s’adresser à M. Daste lui-même, qui était dans son cabinet.
Marius, étonné de cet accueil, se décida à pénétrer jusqu’au manufacturier. Il le trouva en conférence avec trois messieurs qui se turent dès son entrée.
« Pourriez-vous me dire, monsieur, demanda le jeune homme si M. Charles Blétry est à la fabrique ? »
Daste échangea un regard rapide avec une des personnes qui étaient là, un gros monsieur blême et sévère.
« M. Charles Blétry va rentrer, répondit-il. Veuillez l’attendre... Êtes-vous un de ses amis ?
– Oui, reprit naïvement Marius. Il loge dans la même maison que moi... Je le connais depuis bientôt trois ans. »
Il y eut un moment de silence. Le jeune homme, pensant que sa présence gênait ces messieurs, ajouta, en saluant et en se dirigeant vers la porte :
« Je vous remercie... Je vais attendre dehors. »
Alors, le gros monsieur se pencha et dit quelques mots à voix basse au manufacturier. M. Daste arrêta Marius du geste :
« Restez, je vous prie, s’écria-t-il. Votre présence peut nous être utile... Vous devez connaître les habitudes de Blétry vous pourriez sans doute nous donner des renseignements sur lui. »
Marius, surpris, ne comprenant pas, fit un geste d’hésitation.
« Pardon, reprit M. Daste avec une grande politesse, je vois que mes paroles vous surprennent. »
Il désigna le gros monsieur et continua :
« Monsieur est le commissaire de police du quartier,