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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/127

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XVII

Deux profils honteux


Lorsque Marius eut raconté son équipée au geôlier et à la bouquetière, cette dernière s’écria :

« Nous voilà bien avancés ! Pourquoi vous êtes-vous mis en colère ? Cet homme vous aurait peut-être prêté de l’argent. »

Les femmes ont des entêtements qui leur donnent certaines souplesses de conscience ; ainsi Fine, toute loyale qu’elle était, aurait peut-être fait la sourde oreille chez Rostand, et même, à l’occasion, se serait servie des secrets que le hasard lui confiait.

Revertégat était un peu confus d’avoir conseillé à Marius d’aller chez le banquier.

« Je vous avais prévenu, monsieur, lui dit-il : je n’ignorais pas les bruits qui courent sur cet homme ; mais je faisais une large part à la médisance. Si j’avais connu la vérité entière, jamais je ne vous aurais envoyé chez lui. »

Marius et Fine passèrent tout l’après-midi à bâtir des plans extravagants, à chercher en vain dans leur tête un moyen d’improviser les quinze mille francs nécessaires au salut de Philippe.

« Comment ! s’écriait la jeune fille, nous ne trouverons pas dans cette ville un brave cœur qui nous sortira d’embarras ! Est-ce qu’il n’y a pas ici des gens riches qui prêtent leur argent à un taux raisonnable ? Voyons mon oncle, cherchez un peu avec nous. Nommez-moi