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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/133

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XVIII

Où luit un rayon d’espérance


Le lendemain matin, Marius, poussé par la nécessité, se décida à aller frapper chez M. de Girousse. Depuis qu’il cherchait de l’argent, il songeait à s’adresser au vieux comte. Mais il avait toujours reculé devant cette pensée ; il redoutait les brusqueries originales du gentilhomme, il n’osait lui avouer sa misère, rougissant d’avoir à faire connaître l’emploi des quinze mille francs qu’il sollicitait. Rien ne lui était plus pénible que d’être forcé de mettre un tiers dans la confidence de l’évasion de son frère, et M. de Girousse l’effrayait plus que tout autre.

Lorsque le jeune homme se présenta, l’hôtel était vide, le comte venait de partir pour Lambesc. Il fut presque heureux de ne trouver personne, tant sa démarche lui pesait. Il resta sur le Cours irrésolu, n’ayant pas le courage d’aller à Lambesc, désespéré d’être réduit à l’inaction.

Comme il remontait une allée, accablé, les yeux vagues, il rencontra Fine. Il était sept heures du matin. La bouquetière, en grande toilette, tenant à la main un petit sac de voyage, lui parut toute décidée, toute souriante. « Où allez-vous donc ? lui demanda-t-il avec surprise.

– Je vais à Marseille », répondit-elle.

Il la regarda d’un œil curieux, l’interrogeant du regard.