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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/138

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XIX

Un sursis


Le lendemain matin, Fine alla retrouver Blanche et l’abbé Chastanier. Elle voulait les accompagner jusqu’à la porte de l’hôtel du président, pour connaître tout de suite le résultat de leur démarche. Marius, comprenant que sa présence serait pénible à Mlle de Cazalis, se mit à rôder sur le Cours, comme une âme en peine, suivant de loin les deux jeunes filles et le prêtre. Quand les solliciteurs furent montés, la bouquetière aperçut le jeune homme et lui fit signe de venir la rejoindre. Ils attendirent tous deux, sans échanger une parole, agités et anxieux.

Le président reçut Blanche avec une grande commisération. Il comprenait qu’elle était la plus cruellement frappée, dans cette malheureuse affaire. La pauvre enfant ne put parler ; dès les premiers mots, elle se mit à sangloter, et tout son être, suppliant, demandait pitié, mieux que ne l’auraient fait ses prières. Ce fut l’abbé Chastanier qui dut expliquer leur présence et présenter la requête.

« Monsieur, dit-il au président, nous venons à vous, les mains jointes. Mlle de Cazalis est déjà brisée sous les malheurs qui l’ont accablée. Elle vous prie en grâce de lui épargner une nouvelle humiliation.

– Que désirez-vous de moi ? demanda le président d’une voix émue.