Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/180

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– M. Authier, répéta le vieux gentilhomme en cherchant dans sa mémoire, M. Authier... Je ne trouve personne de ce nom-là à Lambesc. Vous dites que ce monsieur est un propriétaire ?

– Oui... Il a dernièrement acheté une maison à Marseille, il doit posséder une propriété assez vaste, dans les environs de votre château. »

M. de Girousse cherchait toujours.

« Vous vous trompez, dit-il enfin. Décidément je ne connais pas M. Authier... Je suis certain que pas un des propriétaires de Lambesc ne se nomme ainsi, car je me suis amusé à apprendre les noms de tous les habitants de la contrée. Il faut bien se distraire un peu.

– Voyons, entendons-nous, reprit Marius qui devenait pâle. Il s’agit d’un M. Authier qui vient de faire un riche héritage ; il se trouve en ce moment à Cherbourg et va partir pour New York, où est mort le parent dont il est le légataire universel. »

Le comte éclata de rire.

« Quelle histoire me contez-vous là ? s’écria-t-il. Si une pareille aventure arrivait à Lambesc, si un de mes voisins héritait d’un oncle d’Amérique, croyez-vous que je n’en saurais rien et que je ne m’amuserais pas pendant une semaine du tapage que produirait un tel roman dans ma petite ville ?... Je vous répète qu’il n’y a jamais eu d’Authier à Lambesc, et que jamais personne n’y a fait l’héritage de vaudeville dont vous me parlez. »

Marius resta écrasé. Le raisonnement du comte était juste, et Douglas seul pouvait être le menteur, en tout cela. Le jeune homme n’osait aller au fond de sa pensée.

« Quel intérêt prenez-vous donc à ce M. Authier ? demanda M. de Girousse, intrigué. – Aucun, répondit Marius en balbutiant ; c’est un de mes amis qui m’a parlé de cet homme, et j’aurai mal entendu le nom de la ville. »