Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/188

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homme charitable pour lequel l’église elle-même faisait des vœux

Lorsque le premier moment de surprise fut passé, Marius eut un désir plus âpre de faire son devoir. Comme le notaire s’avançait vers lui, souriant, la main ouverte et tendue, il recula lentement en le regardant d’un œil fixe. Puis, brusquement :

« Fermez la porte », dit-il.

Douglas, étonné et comme dominé, alla fermer la porte.

« Mettez le verrou, reprit Marius tout aussi durement. Nous avons à causer ensemble. »

Douglas mit le verrou et revint d’un air surpris et mécontent : « Qu’avez-vous donc, mon cher ami ? » demanda-t-il.

Et comme Marius, pris peut-être d’une dernière pitié, ne répondait pas, il continua :

« D’ailleurs, vous avez raison. Il vaut mieux être seuls pour causer d’affaires... Eh bien ! êtes-vous prêt ? Je me suis procuré la pièce qui nous manquait et je n’ai plus besoin que de votre signature pour prendre hypothèque sur la maison d’Authier, au nom de Mouttet... Vous savez que nous sommes pressés, j’ai encore reçu ce matin une lettre de mon client Authier qui me supplie de lui envoyer de l’argent au plus tôt. »

Le notaire se leva, étala des papiers, trempa une plume dans l’encre et la présenta à Marius :

« Signez », lui dit-il simplement.

Marius était resté muet, suivant d’un regard tranquille chaque mouvement de Douglas. Au lieu de prendre la plume, il le regarda en face et lui dit d’une voix calme :

« Hier, je suis allé visiter l’immeuble de la rue de Rome. J’ai vu les locataires et l’ancien propriétaire, qui m’ont appris qu’ils ne connaissaient pas M. Authier. »

Douglas pâlit, ses lèvres eurent ce frémissement que Marius avait déjà remarqué. Il reprit les papiers, posa la plume et s’assit, en balbutiant :

« Ah !... Cela m’étonne beaucoup.