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XIX

La rançon de Philippe


Le lendemain de l’enlèvement, Marius alla à son bureau, satisfait de son expédition de la veille. Il venait de sauver une honnête famille du désespoir et de délivrer la ville d’un intrigant dont il avait personnellement à se plaindre. Le cœur léger, la conscience tranquille, il allait se mettre à la besogne, lorsqu’on vint lui dire que M. Martelly le faisait demander.

En se rendant au salon, le jeune homme se décida brusquement à demander à son patron la rançon de Philippe. Cette décision le rendit tout tremblant. Il sentait bien qu’il n’oserait jamais faire une pareille demande, s’il ne la faisait par une sorte de coup de tête. Puisqu’il allait voir M. Martelly, il était inutile d’attendre davantage, il valait mieux risquer la démarche tout de suite.

Il trouva dans le salon M. Martelly et l’abbé Chastanier. L’armateur était pâle, des lueurs de colère luisaient dans ses yeux.

Il alla vivement vers l’employé, il lui dit d’une voix rapide :

« Vous êtes un garçon de courage et d’honneur, et je n’ai pas voulu agir, dans une circonstance grave, sans vous demander votre avis. »

L’abbé Chastanier paraissait honteux et triste. Il se faisait petit dans un fauteuil. Ses pauvres mains tremblaient de vieillesse et de chagrin.