Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/314

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sœurs de Saint-Vincent de Paul, celles que l’on nomme les sœurs des pauvres ? »

L’abbé Chastanier se récria, disant qu’elle était bien trop délicate, qu’elle ne pourrait supporter les rudes fatigues qu’endurent ces saintes filles dans les hôpitaux, dans les orphelinats, partout où il y a des services à rendre et des douleurs à soulager.

« Eh ! ne vous inquiétez pas ! s’écria Blanche dans un élan de dévouement, je serai forte pour gagner mon pardon. Je ne puis accepter que le calice du travail. Si je ne me rends pas utile, je n’oublierai jamais... J’ai une dernière prière à vous adresser : qu’on me place dans un orphelinat ; je me croirai la mère de tous les petits êtres confiés à ma garde, je les aimerai comme j’aurais aimé mon enfant. »

Elle pleura, elle parla avec un tel emportement d’amour, que l’abbé Chastanier fut obligé de céder. Il promit de faire les démarches nécessaires, et quelques jours plus tard, il annonça à Blanche que ses vœux seraient exaucés. Du reste, il trouvait naturelle la décision de la jeune femme : son âme, dévouée jusqu’à l’aveuglement, était faite pour comprendre les abnégations extrêmes. Il écrivit à M. de Cazalis, qui lui répondit avec une indifférence parfaite, que sa nièce était libre, et que tout ce qu’elle faisait était bien fait. Au fond, il était enchanté de la voir entrer dans un ordre pauvre et modeste qui ne se montre pas friand de dotations.

La veille du jour où Mlle de Cazalis devait quitter la petite maison, elle se montra inquiète et embarrassée devant l’abbé Chastanier. Fine, qui était là, la pressa de questions sur la cause de cette tristesse soudaine. Elle finit par s’agenouiller devant le prêtre et par lui dire d’une voix tremblante :

« Mon père, je ne suis pas encore morte aux désirs de ce monde ? »

Je voudrais voir mon enfant une dernière fois, avant d’appartenir tout entière à Dieu. »

L’abbé s’empressa de la relever.

« Allez, lui répondit-il, allez où vous pousse votre