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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/321

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VII

Où M. de Cazalis veut embrasser son petit-neveu


Pendant les trois années qui s’étaient écoulées depuis la naissance du fils de Blanche et de Philippe, des changements importants avaient eu lieu dans l’existence de M. de Cazalis. Il n’avait pas été réélu député aux dernières élections, et il s’était fixé à Marseille. Son échec, dû à l’impopularité que ses démêlés avec les Cayol lui donnaient parmi le peuple, ne paraissait l’attrister que médiocrement. À la vérité, il aimait mieux veiller à ses affaires qu’à celles du pays ; il avait assez de soucis chez lui, assez de besogne pour parer les coups qui le menaçaient, sans se charger d’un mandat qui le clouait à Paris pendant plusieurs mois de l’année.

Il s’installa dans son hôtel du cours Bonaparte et agit en sorte de s’y faire oublier de la ville entière. Il cessa de sortir en voiture d’éclabousser les paisibles négociants ; il mit tous ses soins à passer inaperçu, il réussit au bout d’un certain temps à devenir un inconnu pour le plus grand nombre. Son rêve était d’assurer au plus tôt sa tranquillité et d’aller ensuite à Paris manger à grand tapage la fortune de sa nièce.

S’il acceptait la vie triste et cachée qu’il menait, c’était qu’un instinct de prudence lui conseillait d’étudier la position et de chercher l’impunité, avant de toucher à des biens qui ne lui appartenaient pas. Il avait des envies folles de se satisfaire tout de suite. Mais des peurs le prenaient, il voulait bien voler Blanche, pourvu