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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/330

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« Si nous étions certains que votre homme fût là, ajouta-t-il, nous ferions sauter la serrure ; mais nous ne pouvons courir le risque de tenter une telle chose inutilement.

– L’homme est là à coup sûr ! s’écria Mathéus, je l’ai vu entrer.

– Je réponds de tout, dit à son tour M. de Cazalis, je prends sur moi la responsabilité de vos actes. »

Les deux gendarmes hochèrent la tête, sachant parfaitement qu’eux seuls seraient punis, s’ils violaient un domicile. Ils avaient reçu uniquement l’ordre d’arrêter la personne qu’on leur désignerait, et ils ne voulaient pas dépasser leur consigne.

M. de Cazalis se désespérait de les voir irrésolus, près d’abandonner la partie, lorsqu’un bruit s’éleva dans l’intérieur de la maison.

« Entendez-vous ? dit-il, vous voyez bien que la maison n’est pas vide et que notre homme est là ! »

C’était le petit Joseph qui venait d’ouvrir les yeux. Effrayé de se trouver dans l’obscurité et d’entendre de grosses voix, il avait éclaté en sanglots. Épouvantée, Fine tentait vainement de le rassurer par ses caresses, sans parvenir à étouffer ses cris. Le fils livrait le père.

Les gendarmes frappèrent de nouveau, en criant :

« Si vous n’ouvrez pas, nous enfonçons la porte ! »

À la violence des coups de crosse contre le bois, Philippe comprit que la porte ne résisterait pas longtemps. Il se leva et alluma une lampe, ne craignant plus que la clarté le trahît. Joseph, terrifié par les coups qui ébranlaient la maison, criait plus fort, et Fine, qui s’était dressée et qui le berçait dans ses bras, allait de long en large, désespérée, ne pouvant le faire taire.

« Oh ! laissez-le crier, lui dit Philippe. Maintenant, ils savent que je suis là. »

Et il vint embrasser son enfant, en murmurant d’une voix désolée :

« Pauvre cher petit ! »

Il le regardait, tandis que de grosses larmes emplissaient