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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/340

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X

Février 1848


Le lendemain, au réveil, les deux frères éprouvèrent une joie vive en se retrouvant ensemble, délivrés de toute crainte. La veille, ils avaient emmené Joseph avec eux, après avoir largement récompensé et remercié le jardinier Ayasse.

Philippe et son fils couchèrent dans le petit logement du jeune ménage. Pendant la nuit, Marius, encore tout secoué, ne put dormir et rêva le plan d’une vie nouvelle. Dès que la famille se trouva réunie autour de la table sur laquelle Fine venait de servir le déjeuner, il se décida à exposer ce plan.

« Voyons, dit-il, parlons de choses sérieuses. Il s’agit de savoir ce que nous allons faire de cet enfant et ce que Philippe fera lui-même. »

Philippe devint grave et attentif. Souvent, il avait songé à l’existence qu’il mènerait, le jour où il lui serait permis de vivre sans se cacher ; car il sentait qu’il devrait travailler pour son fils, renoncer à ses ambitions et à ses folies.

« L’enfant, continua Marius en souriant et en regardant Fine, trouvera aisément une mère... »

La jeune femme tenait le petit Joseph sur ses genoux et lui faisait manger sa soupe, avec mille caresses. Lorsqu’elle entendit les paroles de son mari :

« Une mère, s’écria-t-elle, mais elle est toute trouvée !... On me l’a confié, on me l’a donné, n’est-ce pas,