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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/341

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Philippe ?... C’est moi qui suis sa mère... Puisque Marius ne veut pas me faire le cadeau d’un fils, je prends celui-ci, et je ne le rends plus. Il restera toujours avec moi. Vous verrez comme je l’aimerai ! »

Philippe, attendri, serra avec effusion les mains de l’ancienne bouquetière. La pensée de son fils en bas âge l’avait effrayé parfois, et il s’était demandé comment il soignerait un enfant de quatre ans. L’offre de Fine le tirait d’embarras : il ne se séparerait pas de Joseph, et Joseph aurait auprès de lui une mère dévouée.

« Voilà l’enfant placé, reprit Marius en riant, et je me charge de placer le père... Avant tout, Philippe, dis-moi quels sont tes projets.

– Je veux travailler, répondit le jeune homme, je veux vous faire oublier mes sottises et me créer un avenir calme et heureux.

– C’est parfait... Tu renonces à tes rêves de richesses, tu consens à être un pauvre diable comme moi ?

– Oui.

– Alors, j’ai ton affaire... Tu ne peux garder la blouse du portefaix, et je t’offre un modeste emploi qui te fera vivre, sans être à charge à personne.

– J’accepte tout d’avance... Je me confie à toi, les yeux fermés certain que tu ne peux, me conduire qu’au bonheur.

– Eh bien ! je vais sur-le-champ t’installer chez mon patron M. Martelly... Il y a plus de six mois que je te réserve chez lui une place de dix-huit cents francs. Crois-moi, mon pauvre ami, reste obscur, ne cherche plus à dominer, et nous goûterons de bonnes heures. »

Les deux frères se rendirent chez l’armateur, qui fit à Philippe un bienveillant accueil et qui parut ravi de lui venir en aide, en le prenant comme employé.

« Mon cher Marius, dit-il gaiement, placez-moi ce garçon-là où vous voudrez. Il y a beaucoup de besogne à faire ici, et nous avons besoin de commis intelligents et actifs. J’aime qui me sert fidèlement. »

Marius chargea son frère d’une partie de la correspondance,