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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/359

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le petit groupe des libéraux. Du matin au soir, il courait Marseille, encourageant les uns, remerciant les autres, tâchant de conquérir le plus de voix possible. Il s’était chargé, en outre, de sonder certains hommes, dont les républicains voulaient faire leurs représentants, et que leur modestie ou tout autre cause tenait dans l’ombre. Parmi ces hommes, se trouvait M. Martelly.

Un matin, Philippe se rendit à son bureau, où il ne faisait plus que de courtes apparitions, et demanda à l’armateur un moment d’entretien. M. Martelly le reçut sur-le-champ. Il comprit que ce n’était point à titre d’employé que le jeune homme lui rendait visite ; il ne lui parla pas de ses absences, le traita en ami, devinant la mission qu’il était chargé de remplir près de lui.

Après deux ou trois phrases banales, Philippe entra carrément en matière.

« Je ne vous ai pas vu depuis longtemps au club des Travailleurs, dit-il à M. Martelly. Vous êtes membre de ce club, n’est-ce pas ?

– Oui, répondit l’armateur. J’y vais rarement, je crois que de pareilles réunions avancent peu les affaires du libéralisme. »

Philippe feignit de ne pas entendre.

« On regrette souvent votre absence, continua-t-il. Des hommes comme vous sont précieux. Vous avez eu tort, me disait hier un de nos collègues, de vous mettre à l’écart, lors de la nomination de la commission municipale. Aujourd’hui, voici les élections qui approchent, vous devriez vous montrer, appuyer de votre honorabilité la cause que nous défendons. »

M. Martelly ne répondit pas. Il regardait en face son interlocuteur pour le forcer à lui faire des propositions claires et nettes. Philippe comprit son désir et s’exécuta de bonne grâce.

« Nous sommes tout disposés à pousser votre candidature, reprit-il. Pourquoi ne vous mettriez-vous pas sur les rangs ?