Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/366

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Le soir, le jeune homme parla à Fine et à son frère de la rencontre qu’il avait faite. Il les égaya en leur décrivant l’attitude triomphante de l’ancien maître portefaix.

Philippe finit par s’irriter.

« Et c’est à de pareils hommes que l’on confie la tranquillité de la ville ! s’écria-t-il. Ces messieurs sont bien mis, ces messieurs jouent au soldat. Ah ! qu’ils prennent garde ! On les forcera peut-être à prendre leur rôle au sérieux. Le peuple est las de leur sottise et de leur vanité.

– Tais-toi, dit sévèrement Marius. Ces hommes peuvent être ridicules, mais on ne tue pas son pays. »

Philippe se leva et reprit avec plus de violence :

« Le pays n’est pas avec eux. Ce sont les ouvriers, les travailleurs qui sont le pays... La bourgeoisie a des fusils, le peuple n’en a pas. On garde le peuple à main armée, comme une bête féroce. Eh bien ! un jour, la bête montrera les dents et dévorera ses gardiens. Voilà tout. »

Et il monta brusquement dans sa chambre.