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Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/434

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Mathéus de l’emporter aisément, venait de reprendre ses sens et pleurait à chaudes larmes, à demi couché sur le cadavre.

Cadet repoussa le corps et prit le pauvre petit dans ses bras. Il avait déjà remonté quelques marches, lorsqu’il eut une idée soudaine. Il redescendit et fouilla le cadavre. Il s’empara de tous les papiers qu’il trouva sur lui. Cela pouvait servir.

Quand il rentra dans la chambre du troisième étage, il vit Sauvaire fort embarrassé, ne sachant quels soins donner à Fine toujours évanouie. Le digne homme s’était contenté de la coucher sur le lit. Cadet posa Joseph au côté de sa sœur. L’enfant saisit aussitôt la jeune femme par le cou, se serrant contre elle, heureux d’avoir retrouvé son cher refuge, et la rappelant à la vie par ses caresses. Elle se souleva, elle embrassa Joseph avec passion. Il lui semblait sortir d’un cauchemar affreux. Brusquement, elle pâlit de nouveau.

« Où sont Marius et Philippe ? demanda-t-elle. Ne me cachez rien, je vous en prie. »

Alors, Cadet lui montra les deux frères, dans la maison voisine. Elle resta immobile, absorbée dans sa joie. Tout danger n’avait pas disparu pour eux, mais ils vivaient, et pour l’instant elle n’en demandait pas davantage.

Philippe et Marius, eux aussi, goûtaient une joie pure. Après avoir lâché le coup de feu, Philippe eut une défaillance. Ses yeux se troublèrent, il poussa un cri de terreur en voyant tomber Mathéus et l’enfant. Et, pendant un instant, une angoisse l’avait serré à la gorge : il ne pouvait distinguer, à travers la fumée, s’il avait frappé ou non son fils.

Mais, lorsque Marius entendit les pleurs de l’enfant que Cadet venait de ramener dans la chambre, il cria :

« Regarde ! »

Alors, les deux frères suivirent avec un profond bonheur la scène qui se passait en face d’eux. Ils voyaient Fine et Joseph sains et saufs, ils se disaient qu’ils ne couraient plus eux-mêmes aucun risque, maintenant