Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/435

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qu’ils avaient près d’eux des amis pour les défendre.

Ce qui les tranquillisa plus encore, ce fut de voir monter dans la chambre M. Martelly et l’abbé Chastagnier, conduits par M. de Girousse. Ces trois personnes avaient attendu que les soldats fussent entrés, pour pénétrer à leur tour et protéger la jeune femme. Ils ne pouvaient deviner le drame rapide qui venait de se passer. La vue du cadavre dans l’escalier les fit se hâter. En haut, ils apprirent tout, de la bouche de Cadet et de Fine.

« Ce Cazalis est un misérable, s’écria M. de Girousse, je me charge de lui... Mais, avant tout, il faut songer à dérober Marius et Philippe aux recherches de la troupe... Tenez ! regardez, le temps presse. »

Il montrait la place. En effet, la position des deux frères devenait critique. Le coup de feu de Philippe avait attiré l’attention de la troupe sur la maison où ils s’étaient réfugiés. Des sapeurs en enfonçaient déjà la porte à grands coups de hache.

« Ils n’ont qu’un moyen de salut, dit M. Martelly, c’est d’essayer de fuir par les toits.

– Une pareille fuite est impossible, répondit fiévreusement Cadet. La maison est beaucoup plus haute que celles qui l’entourent... Ils sont perdus. » Fine sentait le désespoir l’affoler de nouveau. Toutes les personnes qui se trouvaient réunies dans la chambre se creusaient vainement la tête. Et les coups de hache devenaient de plus en plus violents.

M. de Girousse s’adressa brusquement à Sauvaire, que Cadet lui avait présenté comme un ami.

« Vous ne pouvez donc arrêter vos hommes ? lui demanda-t-il.

– Eh non ! s’écria le capitaine avec désespoir, vous croyez qu’on obéit comme ça dans la garde nationale !... Attendez, attendez... »

Sauvaire ouvrait des yeux énormes. On voyait qu’un enfantement pénible s’accomplissait dans son cerveau. Tout d’un coup :