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IX

Où M. de Girousse fait des cancans


À Aix, Marius descendit chez Isnard, qui demeurait rue d’Italie. Le mercier n’avait pas été inquiété. On dédaignait sans doute une proie d’une aussi mince valeur.

Fine alla droit chez le geôlier de la prison, dont elle était la nièce par alliance. Elle avait son plan. Elle apportait un gros bouquet de roses qui fut reçu à merveille. Ses jolis sourires, sa vivacité caressante la firent en deux heures l’enfant gâtée de son oncle. Celui-ci était veuf et avait deux filles en bas âge, dont Fine fut tout de suite la petite mère.

Le procès ne devait commencer que dans les premiers jours de la semaine suivante. Marius, les bras liés, n’osant plus tenter une seule démarche, attendait avec angoisse l’ouverture des débats. Par moments, il avait encore la folie d’espérer, de compter sur un acquittement.

Se promenant un soir sur le Cours, il rencontra M. de Girousse qui était venu de Lambesc pour assister au jugement de Philippe. Le vieux gentilhomme lui prit le bras, et, sans prononcer une parole, l’emmena dans son hôtel.

« Là, dit-il, en s’enfermant avec lui dans un grand salon, nous sommes seuls, mon ami. Je vais pouvoir être roturier à mon aise. »

Marius souriait des allures bourrues et originales du comte.