Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/377

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Ce jour-là, le lundi, l’affluence fut énorme à la Grotte. C’était le dernier jour que le pèlerinage national devait passer à Lourdes ; et le père Fourcade, dans son instruction du matin, avait dit qu’il fallait faire un suprême effort d’amour et de foi, pour obtenir du ciel tout ce qu’il voudrait bien donner de grâces, de guérisons prodigieuses. Aussi, dès deux heures de l’après-midi, vingt mille pèlerins étaient là, fiévreux, agités des plus ardents espoirs. De minute en minute, le flot croissait toujours, à tel point que le baron Suire, effrayé, sortit de la Grotte, pour répéter à Berthaud :

— Mon ami, nous allons être débordés, c’est certain… Doublez vos équipes, rapprochez vos hommes.

L’Hospitalité de Notre-Dame de Salut se trouvait seule chargée du bon ordre, car il n’y avait là ni gardiens ni policiers d’aucune sorte ; et c’était pourquoi le président de l’association s’inquiétait ainsi. Mais Berthaud, dans les circonstances graves, était un chef écouté, d’une énergie rassurante.

— Soyez sans crainte, je réponds de tout… Je ne bougerai pas d’ici, tant que la procession de quatre heures n’aura pas défilé.

Cependant, il appela Gérard d’un signe.

— Donne à tes hommes la consigne la plus sévère. Qu’ils laissent passer les seules personnes munies d’une