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Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/551

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De nouveau, vers Paris, en route pour le retour, le train blanc roulait. Et, dans le wagon de troisième classe, où le Magnificat, à toute volée des voix aiguës, couvrait le grondement des roues, c’était la même chambrée, la même salle d’hôpital mouvante et commune, qu’on enfilait d’un regard par-dessus les cloisons basses, en son désordre, en son pêle-mêle d’ambulance improvisée. À demi cachés sous la banquette, les vases, les bassins, les balais, les éponges traînaient. Un peu partout, s’empilaient les colis, le pitoyable amas de pauvres choses usées, dont l’encombrement recommençait en l’air, des paquets, des paniers, des sacs, pendus aux patères de cuivre, où ils se balançaient sans repos. Les mêmes sœurs de l’Assomption, les mêmes dames hospitalières étaient là, avec leurs malades, parmi l’entassement des pèlerins valides, souffrant déjà de la chaleur accablante, de l’insupportable odeur. Et il y avait toujours, au fond, le compartiment entier de femmes, les dix pèlerines serrées les unes contre les autres, des jeunes, des vieilles, toutes de la même laideur triste, qui chantaient violemment, sur un ton lamentable et faux.

— À quelle heure serons-nous donc à Paris ? demanda M. de Guersaint à Pierre.

— Demain, vers deux heures de l’après-midi, je crois, répondit le prêtre.

Depuis le départ, Marie regardait ce dernier d’un air