Page:Zola - Les Trois Villes - Paris, 1898.djvu/551

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blaient condamnés par la pratique, on cherchait une autre force. L’électricité, la reine prévue de demain, n’était pas encore possible, à cause du poids des appareils qu’elle nécessitait. Et il n’y avait donc que le pétrole, avec des inconvénients si graves, que la victoire et la fortune seraient sûrement pour le constructeur qui le remplacerait par un agent de force nouveau, inconnu encore. La solution du problème était là, trouver et appliquer cette force.

— Oui, je suis pressé maintenant, dit Grandidier d’un air de grande animation. Je vous ai laissé chercher en paix, sans vous importuner de questions curieuses. Mais une solution devient nécessaire.

Thomas souriait.

— Encore un peu de patience, je crois être dans une bonne voie.

Et Grandidier leur serra la main à tous deux, puis s’en alla faire son tour accoutumé, au travers de ses ateliers en branle, tandis que, dans son silence de mort, la pavillon l’attendait, clos et frissonnant de la douleur continue, inguérissable, où il rentrait chaque jour.

Le jour baissait déjà, lorsque Pierre et Thomas, remontés sur la butte Montmartre, se dirigèrent vers le grand atelier vitré que le sculpteur Jahan s’était aménagé, pour y exécuter l’ange colossal dont il avait la commande, parmi les hangars, les ateliers, les baraquements de toutes sortes, que nécessitait l’achèvement de la basilique du Sacré-Cœur. Il y avait là de vastes terrains vagues, encombrés de matériaux, d’un chaos extraordinaire de pierres de taille, de charpentes, de machines ; et, en attendant que les terrassiers vinssent faire aux alentours la toilette dernière, des tranchées restaient béantes, des escaliers rompus s’engouffraient, des portes bouchées d’une simple palissade menaient encore aux substructions de l’église.