Page:Zola - Les Trois Villes - Paris, 1898.djvu/69

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de m’exprimer ainsi ; et ce n’est pas pour vous être agréable, mais je crois pouvoir vous annoncer qu’il s’est réconcilié avec Dieu… Du moins, on m’a conté que monseigneur Martha, un grand convertisseur, ne le quitte plus. Cela fait plaisir, par les temps nouveaux d’aujourd’hui, lorsque la science a fait banqueroute et que, de tous côtés, dans les arts, dans les lettres, dans la société elle-même, la religion refleurit en un délicieux mysticisme.

Il se moquait, comme toujours ; mais il avait dit cela d’un air si aimable, que le prêtre dut s’incliner. D’ailleurs, un grand mouvement s’était produit, des voix annonçaient que Mège montait à la tribune ; et ce fut une hâte générale, tous les députés rentrèrent dans la salle des séances, ne laissant que les curieux et quelques journalistes dans la salle des Pas perdus.

— C’est étonnant, reprit Massot, que Fonsègue ne soit pas arrivé. Ça l’intéresse pourtant, ce qui se passe. Mais il est si malin, qu’il y a toujours une raison, quand il ne fait pas ce qu’un autre ferait… Est-ce que vous le connaissez ?

Et, sur la réponse négative de Pierre :

— Une tête et une vraie puissance, celui-là !… Oh ! j’en parle librement, je n’ai guère la bosse du respect, et mes patrons, n’est-ce pas ? c’est encore les pantins que je connais le mieux et que je démonte le plus volontiers… Fonsègue est, lui aussi, désigné clairement dans l’article de Sanier. Il est, d’ailleurs, le client ordinaire de Duvillard. Qu’il ait touché, cela ne fait aucun doute, car il touche dans tout. Seulement, il est toujours couvert, il touche pour des raisons avouables, la publicité, les commissions permises. Et, si j’ai cru le voir troublé tout à l’heure, s’il tarde à être là comme pour établir un alibi moral, c’est donc qu’il aurait commis la première imprudence de sa vie.

Il continua, il raconta tout Fonsègue, un Corrézien