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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/105

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d’ignorance, cette volonté de ne tenir compte des autres nations que pour les traiter en vassales, l’inquiétèrent, lorsque, par un retour sur lui-même, il songea au motif qui l’amenait. Et, comme le silence s’était fait, il crut devoir rentrer en matière par un hommage.

— Avant toute autre démarche, j’ai voulu mettre mon respect aux pieds de Votre Éminence, car c’est en elle seule que j’espère, c’est elle que je supplie de vouloir bien me conseiller et me diriger.

De la main, alors, Boccanera l’invita à s’asseoir sur une chaise, en face de lui.

— Certainement, mon cher fils, je ne vous refuse pas mes conseils. Je les dois à tout chrétien désireux de bien faire. Vous auriez tort, seulement, de compter sur mon influence : elle est nulle. Je vis complètement à l’écart, je ne puis et ne veux rien demander… Voyons, cela ne va pas nous empêcher de causer un peu.

Il continua, aborda très franchement la question, sans ruse aucune, en esprit absolu et vaillant qui ne redoute pas les responsabilités.

— N’est-ce pas ? vous avez écrit un livre, La Rome Nouvelle, je crois, et vous venez pour défendre ce livre, qui est déféré à la congrégation de l’Index… Moi, je ne l’ai pas encore lu. Vous comprenez que je ne puis tout lire. Je lis seulement les œuvres que m’envoie la congrégation, dont je fais partie depuis l’an dernier ; et même je me contente souvent du rapport que rédige pour moi mon secrétaire… Mais ma nièce Benedetta a lu votre livre, et elle m’a dit qu’il ne manquait pas d’intérêt, qu’il l’avait d’abord un peu étonnée et beaucoup émue ensuite… Je vous promets donc de le parcourir, d’en étudier les passages incriminés avec le plus grand soin.

Pierre saisit l’occasion, pour commencer à plaider sa cause. Et il pensa que le mieux était d’indiquer tout de suite ses références, à Paris.

— Votre Éminence comprend ma stupeur, quand j’ai