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Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/679

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cet appui de l’Allemagne victorieuse, a-t-il fait alliance avec la France, la vaincue de la veille, en comprenant qu’il n’y avait pas en dehors d’elle de salut pour l’Église. Et il n’a obéi en cela qu’à la politique des Jésuites, de ces affreux Jésuites que votre Paris exècre… Dites bien en outre au cardinal Bergerot qu’il serait beau à lui de travailler à l’apaisement, en faisant comprendre combien votre République a tort de ne pas aider davantage le Saint-Père dans son œuvre de conciliation. Elle affecte de le considérer en quantité négligeable, et c’est là une faute dangereuse pour des gouvernants, car s’il paraît dépouillé de toute action politique, il n’en est pas moins une immense force morale, qui peut, à chaque heure, soulever les consciences, déterminer des agitations religieuses, d’une incalculable portée. C’est toujours lui qui dispose des peuples, puisqu’il dispose des âmes, et la République agit avec une légèreté bien grande, dans son intérêt même, en montrant qu’elle ne s’en doute plus… Et dites-lui enfin que c’est une vraie pitié de voir la misérable façon dont cette République choisit ses évêques, comme si elle voulait affaiblir volontairement son épiscopat. À part quelques exceptions heureuses, vos évêques sont de bien pauvres cervelles, et par conséquent vos cardinaux, têtes médiocres, n’ont ici aucune influence, ne jouent aucun rôle. Lorsque le prochain conclave va s’ouvrir, quelle triste figure vous y ferez ! Pourquoi, dès lors, traitez-vous avec une haine si sotte et si aveugle ces Jésuites qui sont politiquement vos amis ? pourquoi n’employez-vous pas leur zèle intelligent, prêt à vous servir, de manière à vous assurer l’aide du pape de demain ? Il vous le faut à vous et pour vous, il faut qu’il continue chez vous l’œuvre de Léon XIII, cette œuvre si mal jugée, si combattue, qui se soucie peu des petits résultats d’aujourd’hui, qui travaille surtout à l’avenir, à l’unité de tous les peuples en leur sainte mère l’Église… Dites-le, dites-le bien au cardinal Bergerot, qu’il soit avec nous, qu’il travaille