Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’avez-vous appris ? demanda-t-il en pâlissant.

Mais elle ne précisa rien d’abord. Madame avait pour sûr une liaison. Même elle donnait des rendez-vous.

— Au fait, au fait, répétait-il, furieux d’impatience.

Enfin, elle nomma M. des Fondettes.

— Ce soir, il sera dans la chambre de madame.

— C’est bien, merci, balbutia Nantas.

Il la congédia du geste, il avait peur de défaillir devant elle. Ce brusque renvoi l’étonnait et l’enchantait, car elle s’était attendue à un long interrogatoire, et elle avait même préparé ses réponses, pour ne pas s’embrouiller. Elle fit une révérence, elle se retira, en prenant une figure dolente.

Nantas s’était levé. Dès qu’il fut seul, il parla tout haut.

— Ce soir… Dans sa chambre…

Et il portait les mains à son crâne, comme s’il l’avait entendu craquer. Ce rendez-vous, donné au domicile conjugal, lui semblait monstrueux d’impudence. Il ne pouvait se laisser outrager ainsi. Ses poings de lutteur se serraient, une rage le faisait rêver d’assassinat. Pourtant, il