Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/162

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guer la vie de la mort ! Et il s’en allait, et il s’en allait !

— Bonsoir ; monsieur, dit Simoneau.

Il y eut un silence. Le médecin devait s’incliner devant Marguerite, qui était revenue, pendant que madame Gabin fermait la fenêtre. Puis, il sortit de la chambre, j’entendis ses pas qui descendaient l’escalier.

Allons, c’était fini, j’étais condamné. Mon dernier espoir disparaissait avec cet homme. Si je ne m’éveillais pas avant le lendemain onze heures, on m’enterrait vivant. Et cette pensée était si effroyable, que je perdis conscience de ce qui m’entourait. Ce fut comme un évanouissement dans la mort elle-même. Le dernier bruit qui me frappa fut le petit bruit des ciseaux de madame Gabin et de Dédé. La veillée funèbre commençait. Personne ne parlait plus. Marguerite avait refusé de dormir dans la chambre de la voisine. Elle était là, couchée à demi au fond du fauteuil, avec son beau visage pâle, ses yeux clos dont les cils restaient trempés de larmes ; tandis que, silencieux dans l’ombre, assis devant elle, Simoneau la regardait.