Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/277

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L’admirable journée ! Et Hector indiquait à Estelle plusieurs points des côtes. Là, ce village, à un kilomètre de Piriac, c’était Port-aux-Loups ; en face se trouvait le Morbihan, dont les falaises blanches se détachaient avec la netteté d’une touche d’aquarelle ; enfin de l’autre côté, vers la pleine mer, l’île Dumet faisait une tache grise, au milieu de l’eau bleue. Estelle, à chaque indication, suivait le doigt d’Hector, s’arrêtait un instant pour regarder. Et cela l’amusait de voir ces côtes lointaines, les yeux au ras de l’eau, dans un infini limpide. Quand elle se tournait vers le soleil, c’était un éblouissement, la mer semblait se changer en un Sahara sans bornes, avec la réverbération aveuglante de l’astre sur l’immensité décolorée des sables.

— Comme c’est beau ! murmurait-elle, comme c’est beau !

Elle se mit sur le dos pour se reposer. Elle ne bougeait plus, les mains en croix, la tête rejetée en arrière, s’abandonnant. Et ses jambes blanches, ses bras blancs flottaient.

— Alors, vous êtes né à Guérande, monsieur ? demanda-t-elle.

Afin de causer plus commodément, Hector se mit également sur le dos.