Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/319

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en répondant qu’il n’y avait point de chemin pour les dames, qu’il fallait maintenant aller jusqu’au bout. D’ailleurs, ils n’avaient pas vu les grottes. Alors, M. Chabre dut se remettre à suivre la crête des falaises. Comme le soleil se couchait, il ferma son ombrelle et s’en servit en guise de canne. De l’autre main, il portait son panier d’arapèdes.

— Vous êtes lasse ? demanda doucement Hector.

— Oui, un peu, répondit Estelle.

Elle accepta son bras. Elle n’était point lasse, mais un abandon délicieux l’envahissait de plus en plus. L’émotion qu’elle venait d’éprouver, en voyant le jeune homme suspendu au flanc des roches, lui avait laissé un tremblement intérieur. Ils s’avancèrent avec lenteur sur une grève ; sous leurs pieds, le gravier, fait de débris de coquillages, criait comme dans les allées d’un jardin ; et ils ne parlaient plus. Il lui montra deux larges fissures, le Trou du Moine Fou et la Grotte du Chat. Elle entra, leva les yeux, eut seulement un petit frisson. Quand ils reprirent leur marche, le long d’un beau sable fin, ils se regardèrent, ils restèrent encore muets et souriants. La mer montait, par courtes lames bruissantes, et