Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/320

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ils ne l’entendaient pas. M. Chabre, au-dessus d’eux, se mit à crier, et ils ne l’entendirent pas davantage.

— Mais c’est fou ! répétait l’ancien marchand de grains, en agitant son ombrelle et son panier d’arapèdes. Estelle !… monsieur Hector !… Écoutez donc ! Vous allez être gagnés ! Vous avez déjà les pieds dans l’eau !

Eux ne sentaient point la fraîcheur des petites vagues.

— Hein ? qu’y a-t-il ? finit par murmurer la jeune femme.

— Ah ! c’est vous, monsieur Chabre ! dit le jeune homme. Ça ne fait rien, n’ayez pas peur… Nous n’avons plus à voir que la Grotte à Madame.

M. Chabre eut un geste de désespoir, en ajoutant :

— C’est de la démence ! Vous allez vous noyer.

Ils ne l’écoutaient déjà plus. Pour échapper à la marée croissante, ils s’avancèrent le long des rochers, et arrivèrent enfin à la Grotte à Madame. C’était une excavation creusée dans un bloc de granit, qui formait promontoire. La voûte, très élevée, s’arrondissait en large dôme. Pendant les tempêtes, le travail des eaux avait