Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/32

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sa fille, même si la demande l’eût contrarié. M. Rostand avait dû se rendre à Paris, pour des affaires graves, et Frédéric se trouvait à la campagne seul avec sa mère. Les premiers jours, d’habitude, le jeune homme était pris d’un grand besoin d’exercice, grisé par l’air, allant en compagnie de Micoulin jeter ou retirer les filets, faisant de longues promenades au fond des gorges qui viennent déboucher à L’Estaque. Puis, cette belle ardeur se calmait, il restait allongé des journées entières sous les pins, au bord de la terrasse, dormant à moitié, regardant la mer, dont le bleu monotone finissait par lui causer un ennui mortel. Au bout de quinze jours, généralement, le séjour de la Blancarde l’assommait. Alors, il inventait chaque matin un prétexte pour filer à Marseille.

Le lendemain de l’arrivée des maîtres, Micoulin, au lever du soleil, appela Frédéric. Il s’agissait d’aller lever des jambins, de longs paniers à étroite ouverture de souricière, dans lesquels les poissons de fond se prennent. Mais le jeune homme fit la sourde oreille. La pêche ne paraissait pas le tenter. Quand il fut levé, il s’installa sous les pins, étendu sur le dos, les regards perdus au ciel. Sa mère fut toute surprise de ne pas le