Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/321

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donné aux murs un poli et un luisant d’agate. Des veines roses et bleues, dans la pâte sombre du roc, dessinaient des arabesques d’un goût magnifique et barbare, comme si des artistes sauvages eussent décoré cette salle de bain des reines de la mer. Les graviers du sol, mouillés encore, gardaient une transparence qui les faisait ressembler à un lit de pierres précieuses. Au fond, il y avait un banc de sable, doux et sec, d’un jaune pâle, presque blanc.

Estelle s’était assise sur le sable. Elle examinait la grotte.

— On vivrait là, murmura-t-elle.

Mais Hector, qui paraissait guetter la mer depuis un instant, affecta brusquement une consternation.

— Ah ! mon Dieu ! nous sommes pris ! Voilà le flot qui nous a coupé le chemin… Nous en avons pour deux heures à attendre.

Il sortit, chercha M. Chabre, en levant la tête. M. Chabre était sur la falaise, juste au-dessus de la grotte, et quand le jeune homme lui eut annoncé qu’ils étaient bloqués :

— Qu’est-ce que je vous disais ? cria-t-il triomphalement, mais vous ne voulez jamais m’écouter… Y a-t-il quelque danger ?