Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/322

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— Aucun, répondit Hector. La mer n’entre que de cinq ou six mètres dans la grotte. Seulement, ne vous inquiétez pas, nous ne pourrons en sortir avant deux heures.

M. Chabre se fâcha. Alors, on ne dînerait pas ? Il avait déjà faim, lui ! c’était une drôle de partie tout de même ! Puis, en grognant, il s’assit sur l’herbe courte, il mit son ombrelle à sa gauche et son panier d’arapèdes à sa droite.

— J’attendrai, il le faut bien ! cria-t-il. Retournez auprès de ma femme, et tâchez qu’elle ne prenne pas froid.

Dans la grotte, Hector s’assit près d’Estelle. Au bout d’un silence, il osa s’emparer d’une main qu’elle ne retira pas. Elle regardait au loin. Le crépuscule tombait, une poussière d’ombre pâlissait peu à peu le soleil mourant. À l’horizon, le ciel prenait une teinte délicate, d’un violet tendre, et la mer s’étendait, lentement assombrie, sans une voile. Peu à peu, l’eau entrait dans la grotte, roulant avec un bruit doux les graviers transparents. Elle y apportait les voluptés du large, une voix caressante, une odeur irritante, chargée de désirs.

— Estelle, je vous aime, répétait Hector, en lui couvrant les mains de baisers.