Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/43

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nettes. Dès lors, ce témoin les gêna. Ils eurent peur d’être surpris, en restant si près de la Blancarde. Au rendez-vous suivant, ils sortirent du clos par un coin de mur écroulé, ils promenèrent leurs amours dans tous les abris que le pays offrait. D’abord, ils se réfugièrent au fond d’une tuilerie abandonnée : le hangar miné y surmontait une cave, dans laquelle les deux bouches du four s’ouvraient encore. Mais ce trou les attristait, ils préféraient sentir sur leurs têtes le ciel libre. Ils coururent les carrières d’argile rouge, ils découvrirent des cachettes délicieuses, de véritables déserts de quelques mètres carrés, d’où ils entendaient seulement les aboiements des chiens qui gardaient les bastides. Ils allèrent plus loin, se perdirent en promenades le long de la côte rocheuse, du côté de Niolon, suivirent aussi les chemins étroits des gorges, cherchèrent les grottes, les crevasses lointaines. Ce fut, pendant quinze jours, des nuits pleines de jeux et de tendresses. La lune avait disparu, le ciel était redevenu noir ; mais, maintenant, il leur semblait que la Blancarde était trop petite pour les contenir, ils avaient le besoin de se posséder dans toute la largeur de la terre.

Une nuit, comme ils suivaient un chemin au-