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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/44

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dessus de L’Estaque, pour gagner les gorges de la Nerthe, ils crurent entendre un pas étouffé qui les accompagnait, derrière un petit bois de pins, planté au bord de la route. Ils s’arrêtèrent, pris d’inquiétude.

— Entends-tu ? demanda Frédéric.

— Oui, quelque chien perdu, murmura Naïs.

Et ils continuèrent leur marche. Mais, au premier coude du chemin, comme le petit bois cessait, ils virent distinctement une masse noire se glisser derrière les rochers. C’était, à coup sûr, un être humain, bizarre et comme bossu. Naïs eut une légère exclamation.

— Attends-moi, dit-elle rapidement.

Elle s’élança à la poursuite de l’ombre. Bientôt, Frédéric entendit un chuchotement rapide. Puis elle revint, tranquille, un peu pâle.

— Qu’est-ce donc ? demanda-t-il.

— Rien, dit-elle.

Après un silence, elle reprit :

— Si tu entends marcher, n’aie pas peur. C’est Toine, tu sais ? Le bossu. Il veut veiller sur nous.

En effet, Frédéric sentait parfois dans l’ombre quelqu’un qui les suivait. Il y avait comme une protection autour d’eux. À plusieurs reprises, Naïs avait voulu chasser Toine ; mais le pauvre