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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/56

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coururent et le recueillirent, ainsi que le père Micoulin, qui nageait déjà vers la côte.

Madame Rostand dormait encore. On lui cacha le danger que son fils venait de courir. Au bas de la terrasse, Frédéric et le père Micoulin, ruisselants d’eau, trouvèrent Naïs qui avait suivi le drame.

— Coquin de sort ! criait le vieux. Nous avions ramassé les paniers, nous allions rentrer… C’est pas de chance.

Naïs, très pâle, regardait fixement son père.

— Oui, oui, murmura-t-elle, c’est pas de chance… Mais quand on vire contre le vent, on est sûr de son affaire.

Micoulin s’emporta.

— Fainéante, qu’est-ce que tu fiches ?… Tu vois bien que M. Frédéric grelotte… Allons, aide-le à rentrer.

Le jeune homme en fut quitte pour passer la journée dans son lit. Il parla d’une migraine à sa mère. Le lendemain, il trouva Naïs très sombre. Elle refusait les rendez-vous ; et, le rencontrant un soir dans le vestibule, elle le prit d’elle-même entre ses bras, elle le baisa avec passion. Jamais elle ne lui confia les soupçons qu’elle avait conçus. Seulement, à partir de ce jour, elle veilla sur lui. Puis, au bout d’une semaine, des doutes lui vin-