Aller au contenu

Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soldats en marche. Un lourd silence tombait avec l’air chaud.

Madame Rostand avait apporté l’éternel travail de broderie qu’on lui voyait toujours aux mains. Naïs, assise près d’elle, paraissait s’intéresser au va-et-vient de l’aiguille. Mais son regard guettait son père. Il faisait la sieste, allongé à quelques pas. Un peu plus loin, Frédéric dormait lui aussi, sous son chapeau de paille rabattu, qui lui protégeait le visage.

Vers quatre heures, ils s’éveillèrent. Micoulin jurait qu’il connaissait une compagnie de perdreaux, au fond de la gorge. Trois jours auparavant, il les avait encore vus. Alors, Frédéric se laissa tenter, tous deux prirent leur fusil.

— Je t’en prie, criait madame Rostand, sois prudent… Le pied peut glisser, et l’on se blesse soi-même.

— Ah ! ça arrive, dit tranquillement Micoulin.

Ils partirent, ils disparurent derrière les rochers. Naïs se leva brusquement et les suivit à distance, en murmurant :

— Je vais voir.

Au lieu de rester dans le sentier, au fond de la gorge, elle se jeta vers la gauche, parmi des buissons, pressant le pas, évitant de faire rouler