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Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/69

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s’avançait vers celui qui avait abrité leurs amours, tout au bord du gouffre, lorsque Naïs, comme revenant à elle, le saisit par les bras, l’entraîna loin du bord, en disant d’une voix tremblante :

— Non, non, pas là !

— Qu’as-tu donc ? demanda-t-il.

Elle balbutiait, elle finit par dire qu’après une pluie comme celle de la veille, la falaise n’était pas sûre. Et elle ajouta :

— L’hiver dernier, un éboulement s’est produit ici près.

Ils s’assirent plus en arrière, sous un autre olivier. Ce fut leur dernière nuit de tendresse. Naïs avait des étreintes inquiètes. Elle pleura tout d’un coup, sans vouloir avouer pourquoi elle était ainsi secouée. Puis, elle tombait dans des silences pleins de froideur. Et, comme Frédéric la plaisantait sur l’ennui qu’elle éprouvait maintenant avec lui, elle le reprenait follement, elle murmurait :

— Non, ne dis pas ça. Je t’aime trop… Mais, vois-tu, je suis malade. Et puis, c’est fini, tu vas partir… Ah ! mon Dieu, c’est fini…

Il eut beau chercher à la consoler, en lui répétant qu’il reviendrait de temps à autre, et qu’au prochain automne, ils auraient encore deux mois