Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/86

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nom de mademoiselle Chuin ne lui apprenait rien. Il prit le parti d’attendre qu’elle voulût bien s’expliquer. Mais elle ne se pressait pas ; elle avait fait d’un coup d’œil le tour de l’étroite pièce, et semblait hésiter sur la façon dont elle entamerait l’entretien. Enfin, elle parla, d’une voix très douce, en appuyant d’un sourire les phrases délicates.

— Monsieur, je viens en amie… On m’a donné sur votre compte les renseignements les plus touchants. Certes, ne croyez pas à un espionnage. Il n’y a, dans tout ceci, que le vif désir de vous être utile. Je sais combien la vie vous a été rude jusqu’à présent, avec quel courage vous avez lutté pour trouver une situation, et quel est aujourd’hui le résultat fâcheux de tant d’efforts… Pardonnez-moi une fois encore, monsieur, de m’introduire ainsi dans votre existence. Je vous jure que la sympathie seule…

Nantas ne l’interrompait pas, pris de curiosité, pensant que sa concierge avait dû fournir tous ces détails. Mademoiselle Chuin pouvait continuer, et pourtant elle cherchait de plus en plus des compliments, des façons caressantes de dire les choses.

— Vous êtes un garçon d’un grand avenir,